The Social Network

 

De / By David Fincher

 

D’après le livre de / From the book The Accidental Billionaires, of Ben Mezrich

 

Avec / With Jesse Eisenberg, Rooney Mara, Andrew Garfield, Justin Timberlake, Armie Hammer…

 

Plongeant dans l’actualité comme nul autre cinéma, le cinéma américain n’hésite jamais à se retourner sur son passé présent et en décortiquer ses histoires, là où le cinéma français mets des années, voire des décennies, à se regarder en face.

 

En s’intéressant au destin des fondateurs de Facebook, David Fincher s’éloigne de ses œuvres les plus récentes, comme Zodiac ou Benjamin Button. Une histoire donc extrêmement contemporaine, puisque le réseau social en question revendique aujourd’hui 500 millions de membres, qui d’après une étude récente passeraient en moyenne plusieurs heures par semaine à naviguer sur les profils de leurs amis et mettre à jour le leur. Un phénomène évidemment amplifié par l’apparition des smart phones qui vous permettent d’être connecté en quasi-permanence sur le réseau et de mettre à jour votre statut en temps réel.

 

Devant ce phénomène, le monde a évident changé de visage, puisque le réseau est devenu un outil, tant d’espionnage et de voyeurisme, que de rassemblement, permettant dans certains pays de contourner la censure et de fédérer des idées, sans compter la possibilité de créer des évènements en dehors du réseau.

 

Adapté du livre The Accidental Billionaires, The Social Network raconte donc la genèse de Facebook, ce qui pour certains sera sans aucun doute une surprise, puisque le film comme le livre n’épargnent pas son créateur, Mark Zuckerberg.

 

Génie de l’informatique, mais jeune garçon ayant des difficultés à s’intégrer, Zuckerberg va s’inspirer (pour ne pas dire voler) de l’idée de trois étudiants de Harvard, dont les jumeaux Winklevoss, pour créer  un réseau social regroupant les universités du pays, et ainsi pouvoir dans un but non avoué rencontrer des gens.

 

Avec son ami Eduardo Savarin, ils vont mettre sur pied Thefacebook.com, avant de laisser tomber le « the » et en faire l’un des mots les plus répandus aujourd’hui « Facebook ».

 

L’intérêt de ce film est donc de raconter ce que peu de personnes soupçonnent : la naissance du site le plus populaire du monde. Loin d’être blanc comme neige, Mark Zuckerberg a dû notamment affronter plusieurs procès, qu’il a perdu, donnant donc en partie raison à ses détracteurs qui l’ont accusé notamment de « vol » intellectuel. Un fait important lorsque l’on considère l’impact de Facebook sur la société contemporaine.

 

Le récit de cette aventure récente est également intéressant sur le plan social, puisqu’il reflète également la vie des campus américains, dont celui du prestigieux Harvard, où l’importance du lien social et de la vie en communauté prend le pas sur l’individu. Il faut faire partie d’un groupe, d’un club, d’une entité suffisamment remarquable pour pouvoir ensuite aspirer à une « vie meilleure », dixit Mark Zuckerberg.

 

On peut être surpris de retrouver David Fincher à la tête de cette aventure, dans un registre qu’il a peu abordé. Pourtant, il distille avec talent une tension palpable jusqu’à la fin du film, montrant aussi ces jeunes entrepreneurs écrasés par un phénomène qu’ils n’ont maîtrisé que très peu de temps avant que l’objet leur échappe. Les différentes personnes qui sont ensuite arrivées dans la sphère Facebook, notamment le créateur de Napster, Sean Parker, semblent avoir entraîné le fragile et candide Zuckerberg à prendre des décisions qui lui ont sans doute coûté l’amitié d’Eduardo Savarin.

 

Andrew Garfield, dans le rôle de Savarin, prend l’ascendant sur son partenaire Jesse Eissenberg, qui est toutefois aussi bon dans le rôle du Zuckerberg, avec une partition plus complexe.

 

Sans être spectaculaire, The Social Network est un film qui remet la création de Facebook en question, et c’est l’un de ses avantages premiers. Le film vivra grâce notamment aux utilisateurs du réseau social, qui vont aller voir le film, mais aussi grâce à ceux qui s’intéressent à ce réseau si populaire sans en faire partie.

 

Si le talent de Fincher est un peu en retrait, sa mise en scène est appliquée et laisse la part belle aux comédiens.

 

Un des films incontournables de cet automne.

 

Arnaud Meunier

17/10/2010

 

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